25-30 avril à Nice (MAMAC, Librairie Vigna, Atelier Frega et Cinéma Le Mercury)
2-3 mai à Beaulieu-sur-mer (Cinéma de Beaulieu-sur-mer)
Voici venu le temps des 9e rencontres In&Out, le festival du film gay et lesbien de Nice, ce moment privilégié où nos regards s’arrêtent sur le meilleur du cinéma queer actuel. À l’aube d’une décennie d’existence, notre festival tient à se renouveler : plus resserré, plus incisif dans ses choix mais toujours ouvert au plus grand nombre.
En ces temps indécis, où la culture n’est plus au centre des préoccupations, où la lutte pour l’égalité des droits des personnes LGBT piétine, où les acquis arrachés de haute lutte sont fragilisés, où le conformisme de la pensée joue les marchands de sable, il nous a semblé juste d’interroger la notion de DISSIDENCES.
La dissidence est une résistance. L’élan qui permet de se démarquer des pouvoirs, des systèmes de domination, des pensées majoritaires, est peut-être à chercher du côté de nos aînés. Plus de quarante ans nous séparent de Salò ou les 120 Journées de Sodome, œuvre crépusculaire dont nous empruntons le poing levé de la contestation pour illustrer cette programmation.
Entretenir cette mémoire vivace, c’est le rôle d’un festival comme le nôtre. En convoquant la lucidité nihiliste et poétique d’un Pier Paolo Pasolini (1922-1975), la fougue créatrice d’un Derek Jarman (1942 -1994), l’ardeur militante d’un Guy Hocquenghem (1946-1988) il s’agit de révéler la complexité de la pensée dissidente qu’ils ont su interroger et incarner.
Face aux luttes qui s’annoncent, on aurait envie de hurler un grand « BITE !!! » salvateur et réjouissant, en écho au cri de ralliement des Gazolines, fameux travestis révolutionnaires et déconnants, aux ongles laqués et aux mains poudrées, dont nous accueillons avec fierté celle qui fut leur muse : Marie France. L’artiste à l’affiche de Jours de France apparaît comme un trait d’union entre hier et aujourd’hui. Avec elle, laissons l’esprit camp nous pénétrer et, en nous retournant sur les actions d’alors, essayons de poser ensemble la question de l’héritage politique.
Car l’autre grande veine de cette programmation, c’est la jeunesse queer qui occupe l’attention de la plupart des cinéastes dont nous présentons les œuvres. Tel un phénix de la lutte qui renaîtrait de ses cendres, la dissidence s’invite partout où la position minoritaire produit du rejet et de la violence dont les jeunes sont souvent les premières victimes. La dissidence opère comme une modalité de survie face à l’homophobie régnant dans de nombreux points du globe.
Pour finir, nous tenions à saluer la mémoire de notre ami Philippe Frédière, alias Miss Koka, disparu en février dernier, à qui nous dédions l’édition 2017 des Rencontres In&Out. Ce grand et bel artiste a su par son talent, son humour, sa joie de vivre illuminer nos nuits azuréennes. La fête que nous organisons pour la clôture du festival est sans doute la meilleure façon de lui rendre hommage.