Quarante ans après la découverte du VIH, si les avancées sont immenses, les freins demeurent nombreux. Plus que jamais, nous devons poursuivre notre combat.
En 1983, nous découvrions le VIH, ce virus responsable des cas de sida que l’on voyait se multiplier autour de nous. Quarante ans plus tard, grâce à la trithérapie, le diagnostic n’équivaut plus à une condamnation à mort et il est possible de mener une vie quasi normale avec le VIH. Nous disposons aussi de plusieurs outils très efficaces pour prévenir les nouvelles infections. Tout est donc en place pour, enfin, contrôler l’épidémie. Du moins, en théorie, car, dans les faits, si nous nous rapprochons d’un monde sans sida, nous sommes encore loin d’un monde sans VIH, à l’image de l’objectif que s’était fixé l’Onusida pour 2020 : moins de 500000 nouvelles contaminations.
En 2021, ce sont en réalité 1,5 million de personnes qui ont été nouvellement infectées, dont 160000 enfants pour lesquels nous savons qu’à peine la moitié d’entre eux ont accès à un traitement. Les obstacles sont encore nombreux, comme le sont les discriminations envers les personnes séropositives. Certes, un diagnostic VIH n’a plus les mêmes conséquences que dans les années 1980, mais l’impact psychologique reste trop lourd. C’est ce poids qui, plus de quarante ans après les premiers cas avérés de sida, empêche encore de nombreuses personnes de parler sans risque de leur séropositivité. Cette stigmatisation a également des conséquences en termes de santé publique, en retardant l’accès au dépistage, par peur du diagnostic : une proportion croissante de personnes découvrent ainsi trop tardivement leur séropositivité. Ce qui a un impact direct sur leur état de santé et conduit à un risque accru de nouvelles contaminations tout au long des années où elles ignorent leur statut. C’est aujourd’hui ce qui nourrit l’épidémie en France et dans le monde.
Malgré cette évidence, les campagnes de prévention se font beaucoup trop rares. Si nous saluons la gratuité récente du préservatif pour les moins de 25 ans, nous savons que son effet sera très limité si nous ne faisons pas mieux en matière d’éducation à la sexualité. Or, bien qu’obligatoire selon la loi, cette dernière est largement absente des établissements scolaires, et les jeunes demeurent très insuffisamment informés, ce qui entraîne une proportion croissante des moins de 25 ans parmi les nouveaux diagnostics de VIH. Il faut accroître nos efforts de sensibilisation et de prévention, mais aussi accélérer le dépistage. Cet enjeu est majeur pour toutes les populations exposées au VIH, telles les personnes migrantes. Leur accès aux soins n’a cessé de se déliter au fil des ans, notamment avec la mise en place d’un délai de carence de trois mois pour accéder à l’aide médicale d’État. Les personnes voient leur santé se dégrader et aucune amélioration se dessiner, comme c’est également le cas pour les usager·ère·s de drogues et les travailleur·se·s du sexe, affecté·e·s par des décisions publiques qui les fragilisent, les exposant à un risque accru de contamination par le VIH.
Face à ces constats et à celui, plus général, de la dégradation de notre système de santé, il est crucial de renforcer le soutien aux associations de terrain, qui ont toujours su démontrer leur grande capacité d’adaptation afin de répondre aux besoins des publics les plus éloignés des soins. Leurs équipes sont aujourd’hui débordées et épuisées, mais, malgré tout, elles continuent de mener leur combat contre le sida. Il est également nécessaire de restaurer la confiance dans la science, durement malmenée lors de la crise sanitaire. Dans les années 1990, les premiers militants rappelaient que nous avions «besoin de science, et non pas d’hystérie». La science a ainsi prouvé que les personnes vivant avec le VIH et sous traitement efficace n’ont aucun risque de transmettre le virus. Pourtant, elles restent confrontées à de nombreux rejets. Nous observons aussi la persistance des discours complotistes malgré les grands efforts des chercheurs pour expliquer en quoi il est plus difficile d’obtenir un vaccin contre le VIH que contre le SARS-CoV-2. Cependant, c’est bien grâce à la recherche scientifique, et à tous ceux et celles qui la soutiennent, dont Sidaction, que nous obtiendrons un jour ce vaccin. Et que nous parviendrons à la rémission de l’infection par le VIH, par un traitement définitif qui permettra aux personnes concernées de se passer de traitements tout au long de leur vie.
Face au VIH, c’est la totalité de ces défis qu’il nous faut relever, ensemble, pour connaître ce monde sans sida et mettre fin à l’épidémie de VIH! Nous y parviendrons que si personne n’est laissé pour compte. Dans le même esprit, combatif et solidaire, que celui né en 1983.
>Le Centre LGBTQIA+ Côte d’Azur est partenaire de Sidaction depuis plusieurs années et vous invite à faire un don au 110 ou sur sidaction.org ou en envoyant un sms au 92110.