Guets-apens ciblant des gays à Nice l’été dernier : le Centre LGBTQIA+ Côte d’Azur salue les peines prononcées, déplore que le caractère aggravant d’homophobie ne soit pas retenu et interpelle la Justice

Centre LGBTQIA+ Côte d’Azur

Communiqué de presse

29 septembre 2023

L’audience avait lieu hier et le délibéré a été rendu dans la foulée

Guets-apens ciblant des gays à Nice l’été dernier : le Centre LGBTQIA+ Côte d’Azur salue les peines prononcées, déplore que le caractère aggravant d’homophobie ne soit pas retenu et interpelle la Justice

Hier au tribunal correctionnel de Nice se tenait le procès de quatre jeunes hommes soupçonnés d’avoir l’été dernier mené à Nice une série de guets-apens visant des homosexuels masculins via l’application de rencontres gay Grindr. Soucieux de faire ressortir l’homophobie de ces actes et de faire reconnaitre le caractère aggravant d’homophobie qu’il jugeait évident, le Centre LGBTQIA+ Côte d’Azur s’était constitué partie civile. Le délibéré a été rendu ce jeudi soir.

Après un premier signalement, le 2 juillet 2022, par un homme qui a indiqué avoir été attaqué à son domicile par trois individus, alors qu’il avait conclu un rendez-vous depuis Grindr avec un couple, les enquêteurs ont enregistré trois autres agressions d’hommes homosexuels, les 5, 25 puis 27 juillet toujours et selon le même mode opératoire. Les victimes ont été dépouillées, violentées, insultées. L’un d’entre eux avait reçu des coups de couteau. Plusieurs suspects, dont un mineur, ont ainsi été identifiés et en perquisition, de nombreux effets volés aux victimes ont été retrouvés.

Les agresseurs ont choisi d’utiliser consciemment l’application Grindr, application de rencontre et dialogue gay, pour cibler clairement des homosexuels masculins. En soutien des quatre victimes (dont une seule était présente à l’audience) dont nous saluons le courage et la dignité, le Centre LGBTQIA+ Côte d’Azur a choisi de se constituer partie civile afin de contribuer à mettre au jour l’homophobie de ces actes et de tenter de faire reconnaitre le caractère aggravant d’homophobie. Le caractère homophobe des agressions a été soutenue au cours de l’audience par le Parquet qui a tenté une substitution de la cause aggravante pour les faits de vols.

Le délibéré, rendu à 18 heures hier jeudi, est le suivant : 4 ans d’emprisonnement ferme pour deux des quatre prévenus, 18 mois d’emprisonnement pour le troisième et 15 mois d’emprisonnement pour le dernier. Si les peines prononcées sont bien plus lourdes que celles requises par le Parquet, le caractère aggravé d’homophobie n’a pas été retenu. Le caractère aggravant de réunion a lui été retenu.

Le Centre LGBTQIA+ Côte d’Azur salue les peines prononcées mais déplore, encore une fois, que la justice ne retienne pas le caractère aggravant d’homophobie qui est flagrant dans cette affaire à notre sens car ce sont bien les hommes homosexuels qui étaient visés en tant que tels. Le Centre LGBTQIA+ Côte d’Azur se félicite d’avoir tenté d’engager une constitution de partie civile, car cette démarche a permis à l’association d’avoir accès au dossier, de poser devant la justice le caractère systémique de ces modes d’agressions homophobes et de contribuer à préserver la victime présente lors de l’audience afin qu’elle ne se retrouve pas seule face à ses agresseurs.

Notre association salue également le suivi et le travail professionnel et engagé de son avocat Maître Xavier FRUTON, avocat au barreau de Nice.

Les guets-apens homophobes connaissent une recrudescence importante et inquiétante. Chaque semaine, un gay subit un guet-apens homophobe en France. Le dernier en date a eu lieu la semaine dernière, près de Mâcon. Alain, 48 ans, a été passé à tabac par 5 hommes et a subi de leur part des insultes homophobes.

Nous interpellons publiquement : si la justice n’arrive pas à retenir le caractère aggravant d’homophobie dans de pareilles affaires, comment dans ce cas s’étonner aujourd’hui que plus de 80 % des victimes d’actes LGBT+ phobes n’osent pas porter plainte (chiffres du Ministère de l’Intérieur) ? Les victimes d’actes LGBT phobes ont très souvent peur de ne pas être crues ou considérées, de peur de devoir assumer publiquement leur orientation sexuelle ou de peur de représailles. Cibler, agresser et menacer les personnes LGBT+ est en ce sens particulièrement lâche.

Le Centre LGBTQIA+ Côte d’Azur se tient à disposition de toutes les victimes d’actes LGBT phobes et continuera à se battre aux côtés des victimes, à les accueillir, les orienter et les guider pour faire respecter leur dignité, leur vie et leurs droits, et les aider dans leur démarche de reconstruction personnelle. Plus que jamais, nous sommes déterminés à agir pour faire respecter les victimes et pour faire changer la peur de camp.

Photo : Ekaterina Bolovtsova / Pexels